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rellement des prouesses sur nos champs de bataille.

Les Arabes naissent guerriers, la poudre et la mitraille les électrisent, le danger en fait des fous d’audace et de témérité.

Si nos gouvernants étaient avisés, ils voteraient une loi établissant la conscription des Arabes. Elle nous fournirait un contingent de plus de cent mille hommes qui, bien encadrés dans les troupes françaises, seraient autant de lions déchaînés de l’Atlas, qui nous aideraient à vaincre l’ennemi dans la prochaine mêlée.

Salah servait avec passion la France, quand un jour, à la suite d’un effort dans une marche militaire, il fut blessé. Lorsqu’un animal est blessé, on l’étiquette : « Bon pour l’équarrissage ! » Si l’on n’est pas reconnaissant de ses services, du moins on supprime par la mort ses souffrances. À Salah, qui avait le corps haché de cicatrices et troué de balles ; à Salah, qui avait pendant vingt ans risqué sa vie pour sauvegarder celle de la France, le colonel du 1er tirailleurs ne sut que dire : « Tu n’es plus bon à rien, va-t’en ! »

Toutes les notions de justice et de loyauté du brave Arabe se troublèrent en entendant son chef ; car enfin, on avait fait avec lui un pacte ! On lui avait dit, quand il était entré au régiment : « Si tu sers la France comme ta mère, elle te traitera comme un