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dont Louis-Philippe a fait un diplomate et Napoléon III un ministre d’État. Celle qui fut la mère du comte Léon était une Allemande, que son impérial amant a faite comtesse de Luxbourg. Jeune, elle a été, paraît-il, fort jolie. Si l’on s’en rapporte aux mémoires du temps, Napoléon n’aurait passé qu’une nuit avec elle, mais en ayant soin d’en faire prendre la date sur un calepin.

On ajoute qu’il s’était dégoûté de la belle parce qu’au moment des entretiens amoureux, elle s’était mise à lui parler politique.

Bien entendu, je ne donne ce racontar que pour ce qu’il vaut.

Une chose certaine, il s’est beaucoup préoccupé de cet enfant de la main gauche, dont la ressemblance l’avait frappé. Non seulement il avait donné à la mère un titre et une pension, mais encore il avait pourvu à l’éducation du bâtard, et, à Sainte-Hélène, à l’heure où il dictait son testament, il lui léguait nominalement 100,000 francs, ce qui était encore une somme d’importance il y a quatre-vingts ans.

En juillet 1830, au retour du drapeau tricolore, le napoléonisme se mit tout à coup à refleurir. Ce fut alors qu’en se fondant rien que sur son origine, le comte Léon se fit élire colonel d’une légion de la garde nationale, dans la banlieue. Naturellement, il était très beau sous les armes. Autre point : ces fonctions faisaient de lui, une fois tous les trois mois, le commensal du roi des Barricades.