Page:Audebrand - Derniers jours de la Bohème, Calmann-Lévy.djvu/363

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La chose plaisait d’autant plus à ce rejeton d’un demi-dieu, qu’étant par nature voluptueux, prodigue et joueur, il tapait volontiers le nouveau monarque, ce qui n’était guère du goût de ce dernier. À la fin, il y eut brouille à ce sujet, puis quelques scandales, des dettes criardes dont il est fait mention dans la Gazette des Tribunaux.

Très peu de temps avant la révolution de Février, un peu brûlé à Paris, le comte Léon était allé à Londres ; il y rencontra Louis Bonaparte retour de Ham, autre enfant du hasard, à ce qu’on disait, mais son cousin tout de même. Que se passa-t-il entre eux ? Je ne sais trop. Ce que le Times a raconté, c’est que le comte Léon provoqua le prince et que le prince ne jugea pas à propos de relever le gant. Pour ne rien celer, je dois ajouter ici que nos journaux de Paris se prirent à dire que l’aventurier, payé par les Tuileries, avait été envoyé en Angleterre pour faire tomber l’homme de Strasbourg dans un piège et pour le tuer en duel. Entre nous, l’action serait trop horrible et je ne crois pas qu’elle soit vraie.

Au reste, pour dire qu’elle n’est pas vraie, je me fonde sur ce que Louis Bonaparte, ayant égorgé la République et s’étant fait nommer empereur, son cousin vint le voir en son palais et reçut sur sa cassette une pension annuelle de 16,000 francs. — Ici, lecteur, rappelez-vous, s’il vous plait, l’étude de La Boëtie sur ces êtres dévorants qu’on appelle les Rois.