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d’un caractère franc, sérieux et entreprenant ; parent de la célèbre famille Papineau, le jeune Denis-Benjamin ne pouvait manquer de puiser dans ce commerce distingué une foi vive, des principes d’honnêteté proverbiale, et une vieille politesse qui a fait dire de lui qu’il était l’un des derniers types du gentilhomme français ».

Parlant du premier ouvrage de M. Viger : « Considérations, sur les effets produits en Canada, la conservation des établissements du pays, les mœurs, l’éducation, etc., de ses habitants ; et les conséquences qu’entraînerait leur décadence par rapport aux intérêts de la Grande-Bretagne », paru à Montréal en 1809, M. Royal dit que :

« C’était le premier ouvrage de cette liste nombreuse de brochures, de mémoires, d’articles de journaux qui font de M. D.-B. Viger le père de la presse canadienne et l’un de nos premiers publicistes, sinon le premier, par la pensée, la logique, l’érudition, la bonne foi et la modération de sa plume.

Il ne sera pas hors de propos de tracer ici quelques lignes du caractère politique de M. D.-B. Viger.

C’est l’histoire de l’Irlande et de la Révolution Française qui m’ont fait politique », nous disait-il un jour. Toute sa vie publique se trouve dans ces simples paroles et dans cette autre belle vérité sociale qu’il aimait à répéter souvent : — « La vérité ne meurt point ; tôt ou tard elle est entendue des hommes, et son prix est indépendant de l’opinion ». Cette pensée profonde termine sa brochure de 1809.

L’histoire lui apprenait tout ce que peut l’égoïsme de l’homme servi par le succès ; mais en même temps il sut distinguer les époques de réaction, et apprécier à sa juste durée le rôle éphémère et violent des passions humaines. À côté de l’histoire des faits il démêla et suivit l’histoire des idées ; la puissance féconde de celle-ci ne lui échappa nullement. Dans la noble lutte qu’il soutint il comprit que les ennemis du nom canadien nous laissaient encore trop libres pour nous anéantir sans résistance. Le peuple faisait son devoir ; M. Viger se dit que ce qui fait la force d’une nation, c’est la connaissance qu’elle a de ses droits et la liberté qui lui est laissée dans l’accomplissement de ses devoirs civils et politiques.

Admirateur éclairé de la constitution anglaise, il ne fit jamais la guerre à l’homme mais aux abus ; fort des droits qu’elle