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« Viger gagna sa cause contre le Procureur général Stuart qui fit une défense d’un volume in-folio qu’il fallut réfuter ligne par ligne. Stuart fut destitué.

« Dans cette seconde mission le travail et le zèle qu’apporta Viger à défendre la cause dont il était chargé, les observations nombreuses qu’il soumit au bureau Colonial sur l’état de la Province, sont plus que suffisantes pour lui mériter cet hommage que l’avenir ne refuse jamais aux grands citoyens d’un pays.

« C’est pendant la courte durée de son administration qu’eut lieu le rappel des exilés Canadiens, que se fit la distribution des terres aux miliciens, que l’usage de la langue française fut rétabli dans les procédés de la Législature et qu’eut lieu l’abrogation de la liste civile votée par le parlement anglais.

« En 1844, parut le dernier ouvrage de M. Viger : La Crise ministérielle. Nous y trouvons défini le gouvernement responsable tel qu’on l’a toujours entendu depuis. La même modération et la même force de logique s’y font autant remarquer que dans ses écrits antérieurs.

« Il parut pour la dernière fois en public à la grande démonstration qui fut faite à S. E. le Nonce Bedini, dans la Cour du Collège de Montréal. Le discours qu’il adressa en cette circonstance au représentant du Saint-Père fut admirable de délicatesse et de dévouement. On a dit que c’était le chant du cygne.

« Viger n’eut qu’une petite fille morte à l’âge de huit mois. Mme Viger, après avoir été la principale fondatrice de l’établissement du Bon-Pasteur et la mère des pauvres de cette ville, succomba aux atteintes du choléra, le 22 juillet 1854…

« Son portrait fait par M. Hamel est au salon de l’évêché de Montréal. Sa tête a conservé tous ses cheveux ; ils sont d’une grande blancheur ; son front est noble et révèle une belle intelligence ; toute sa figure respire une grande distinction, et ce calme, cette bonté, qui le rendaient d’un accès si facile à tous.

« Le jour de ses funérailles, les trois divisions de la Cour supérieure à Montréal se sont ajournées et ont donné ce témoignage de respect à la mémoire de M. Viger. L’illustre défunt était à la fois le doyen du Barreau et de la presse du Bas-Canada ».