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M. Alfred D. DeCelles est, sans contredit, l’historien qui a jusqu’à ce jour le mieux connu, le mieux compris Papineau. Son admirable ouvrage, publié à Montréal en 1905, (Librairie Beauchemin), mérite d’être lu attentivement par ceux qu’intéresse l’histoire de cette époque tourmentée. Il est aussi impartial qu’on puisse le souhaiter.

Fils de Joseph Papineau, notaire et député à l’Assemblée législative, et de Marie-Rosalie Cherrier, Louis-Joseph naquit à Montréal le 7 octobre 1786. Il commença ses classes à Montréal et il les continua au séminaire de Québec, où il fut le condisciple de Mgr  Turgeon, évêque de Québec, du docteur Joseph Painchaud et de Philippe Aubert de Gaspé, l’aimable auteur des « Anciens Canadiens » et des « Mémoires ». Ce dernier nous dit que « Papineau jouait rarement avec les enfants de son âge ; il lisait pendant une partie des récréations, faisait une partie de dames, d’échecs, ou s’entretenait de littérature, soit avec ses maîtres, soit avec les écoliers des classes supérieures à la sienne. L’opinion générale était qu’il aurait été constamment à la tête de ses classes, s’il n’eut préféré la lecture à l’étude de la langue latine. »

« Comme il lui était permis, continue M. de Gaspé, par faveur spéciale, de lire, même pendant l’étude, sans l’agrément des maîtres de salles, il se dépêchait de brocher ses devoirs pour se livrer ensuite à son goût favori. Il était redevable de cette indulgence, je crois, en reconnaissance de services importants que son père avait rendus au séminaire de Québec, ou peut-être aussi parce que les supérieurs croyaient avec raison que cette faveur ne l’empêchait pas de faire de brillantes études.

« Les maîtres menaient de temps à autre les pensionnaires du petit séminaire aux séances de la chambre d’assemblée pendant les séances du parlement provincial ; et comme les enfants aiment à singer tout ce qu’ils voient, il fut décidé que nous aurions aussi notre chambre d’Assemblée. On commença par les élections. Que d’intrigues ! que de corruption même pour faire élire un candidat de notre choix !

« Le parti conservateur, tremblant pour l’élection de son candidat, proposa de faire voter les ecclésiastiques du grand séminaire. Celui de l’opposition, dont Papineau était le chef, combattait de toutes ses forces l’introduction de cette clause dans notre charte,