Page:Audet - Les députés de la région des Trois-Rivières (1841-1867), 1934.djvu/56

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 61 —

pour cela, que se séparer, dès à présent, et avec éclat, des intrigans qui s’étaient mis à la tête des derniers mouvemens et avaient exploité la crédulité des Canadiens, recommander à ses partisans la soumission et la patience, et, en même temps, réclamer avec énergie et persévérance auprès du Gouvt Britannique contre le Régime illégal, arbitraire et violent qui opprimait le Pays et lui préparait de nouveaux troubles et éveiller ainsi l’intérêt et les sympathies de l’opinion publique, tant en Amérique qu’en Europe et jusque dans le sein du Parlement Anglais. Malheureusement, Monsieur le Comte, un pareil rôle est au dessus de la portée de M. Papineau, homme honnête et consciencieux, mais d’un esprit médiocre et étroit, rempli de lieux communs à la place d’idées et opposant à la logique des faits et des réalités de vaines utopies et de puériles illusions, en un mot, précisément le contraire de ce que doit être un Chef de Parti. Au reste, il est juste de dire que, voulut-il adopter le Plan que je lui indiquais, pour l’exécution duquel il pouvait compter sur l’appui de M. Fox, et probablement sur celui de Lord Durham, peut-être ne le pourrait-il pas : car son influence et sa Popularité, auxquelles les événemens de l’année dernière avaient déjà porté une rude atteinte, pourraient bien être tout à fait nulles aujourd’hui. Il vient de partir pour Washington non das l’espoir, dit-il, d’intéresser à sa cause le Gouvernement des États-Unis qu’il accuse de faiblesse et de pusillanimité, mais pour se mettre en rapport avec quelques membres influens du Congrès. Il songe aussi à passer en Europe c’est à dire en France où il espère réveiller d’anciens souvenirs et faire parler de puissans intérêts. J’ai cru devoir ne pas lui laisser d’illusions à cet égard, et lui ai dit, en le dissuadant de son projet, qu’il était sûr de rencontrer chez les personnes auxquelles seules il voulait s’adresser (c’est à dire aux Ministres du Roi) sympathie pour les habitans du Canada et désir de contribuer à adoucir leur sort mais rien au dela…

J’ai l’honneur &c., &c.
Monsieur le Comte
de Votre Excellence
le t. h. & obéissant serv.
E. de Pontois


(Lettre autographe signée)[1]


son excellence monsieur le compte molé, président du conseil, ministre des affaires étrangères, &a. &a.

  1. Arch. des Affaires Étrangères, Corr. P. États-Unis, Vol. 94, ƒƒ. 241-244.