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périlleuses d’une guerre avec l’Angleterre, par enthousiasme chevaleresque et sympathie pour leur cause.

(Signé) E. de Pontois
Légation de France aux États-Unis
Direction Politique
No. 68-42.
New York, 30 Novembre, 1838.
Monsieur le Comte,

Monsieur le Comte,Vous trouverez ci-joint copie de la réponse de Mr. Fox à la lettre Confidentielle que je lui avais adressée.

M. Papineau est venu me voir il y a quelques jours. J’ai acquis, par sa conversation, de nouvelles preuves de l’impossibilité du succès de l’Insurrection. « C’est, a-t-il fini par m’avouer lui-même, une Population, réduite au désespoir, qui se précipite aveuglément au devant du danger, sans concert, sans organisation, sans secours étranger, et qui se dévoue à la mort. » J’ai cru devoir lui représenter alors, au nom de l’intérêt ce que le sort du Canada inspire à tout cœur français et avec la force que donne une profonde conviction, que si un pareil sentiment pouvait être excusable dans les Masses, il ne l’était pas dans leurs Chefs, dont le devoir était, au contraire d’user de tous les moyens en leur pouvoir pour arrêter une lutte trop inégale, et sauver, s’il en était tems encore, leur malheureux Pays dupe et victime des intrigants et des spéculateurs Américains, de la ruine et de la destruction dont il était menacé. C’était une promte soumission, ai-je ajouté, qui pouvait seule donner au Gouvernement de la Reine la possibilité d’écouter les plaintes des Canadiens et de protéger leurs droits et leur Nationalité contre le Parti qui en demandait hautement l’anéantissement, et dont les circonstances actuelles ne favorisaient que trop l’animosité et les exigeances. C’était elle qui pouvait aussi permettre aux voix amies et généreuses de tous les Pays de faire entendre des paroles de modération et de conciliation, qui aujourd’hui ne seraient pas écoutées. J’ai dit enfin à M. Papineau que ce beau et noble rôle de sauveur de ses compatriotes pouvait, s’il le voulait, lui appartenir, à lui qui, je le savais, avait déconseillé l’Insurrection, qui était dénoncé par les Meneurs actuels, et qui représentait seul, aux yeux de tous les gens éclairés de ce Pays, comme à ceux des Autorités Anglaises elles-mêmes, le côté honorable et vraiment patriotique de la cause canadienne ; qu’il ne lui fallait,