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saient de leurs baillis ou sénéchaux aux gens du roi, avaient diminué notablement, presque anéanti leur influence. La guerre leur donnait la puissance que la force et l’épée ont toujours dans les temps troublés. Le protestantisme « fut un prétexte à leur ambition, dit M. Dumesnil-Michelet ; ils en firent une conspiration contre le pouvoir central, contre l’unité de la patrie. » La faiblesse des princes de cette triste époque permettait beaucoup à qui osait. En 1574, André de Bourdeilles, seigneur de Brantôme et d’Archiac, sénéchal de Périgord, écrivait au duc d’Alençon cette phrase significative à propos des chefs de la Réforme en Saintonge : « Si le roy n’y met ordre, je vois la couronne de France fort basse et le pauvre peuple fort mangé. » Guidés par un vrai sentiment religieux, ils eussent mieux mis d’accord leur conduite et leur croyance. Les articles du symbole les inquiétaient assez peu. Aussi quand l’ordre extérieur se rétablit, quand, dit M. Ch. Weiss[1], « l’édit de Nantes, en donnant une constitution légale au parti protestant, eut mis naturellement ce parti sous la direction de ses assemblées dans lesquelles les ministres avaient toujours une influence prépondérante, les grands seigneurs, dont les ancêtres s’étaient jetés dans ce parti pour satisfaire ce besoin d’indépendance féodale qui fermentait encore au sein de la noblesse, éprouvèrent, dès lors, pour lui, un attachement moins vif. Ils abjurent. Une partie fut sincère. Mais beaucoup changèrent avec une facilité trop prompte pour être bien

  1. Livre III, chap. XIII de son Histoire universelle.