Page:Audiat - Bernard Palissy : étude sur sa vie et ses travaux.djvu/181

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avait nommé gouverneur de la Rochelle, s’emporta contre lui, et alla jusqu’à lui donner un soufflet. On comprend qu’un tel énergumène devait avoir peu de succès auprès de la placide population de Saintes.

Le zèle cependant ne lui manquait pas. Pour le seconder, il fit venir Charles de Clermont ou de la Fontaine, qui, nous l’avons déjà vu, était ministre à la Rochelle. Ils se mirent tous deux énergiquement à l’œuvre.

Pendant ce temps, un ancien carme et docteur de Paris envoyé de Genève, Pierre Richer ou Richier dit de l’Isle, qui revenait du Brésil (1559), prit à la Rochelle la direction du troupeau que laissait temporairement Charles de la Fontaine. L’année précédente, février 1558, avait passé dans la capitale de l’Aunis, le roi de Navarre, Antoine de Bourbon, alors calviniste entre deux professions de foi catholiques. Accompagné du prince de Condé et de plusieurs autres personnages, il conduisait à Paris Jeanne d’Albret, en ce moment papiste fervente. Le roi fit prêcher sans surplis dans l’église Saint-Barthélemi un moine apostat, Pierre David, qui depuis imita Antoine de Bourbon et revint à l’orthodoxie. Les Rochelais, pour remercier et réjouir leurs hôtes illustres, et achever de renverser le vieux dogme, donnèrent une représentation scénique qui dut amuser beaucoup. Des médecins cherchaient à rappeler à la vie une femme débile, presque mourante. Ils y perdaient leur latin : car c’était l’Église romaine. Lors un quidam s’approchait sans bruit, déposait un livre entre les mains de la malade. Ô prodige ! la moribonde reprenait ses