Page:Audiat - Bernard Palissy : étude sur sa vie et ses travaux.djvu/180

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manie de citations bibliques, caractère général, du reste, des écrivains huguenots du temps. Les psaumes faisaient le plus clair de leur nouveau savoir religieux.

Un pasteur, André Mazière, de Bordeaux, qui se faisait appeler Pierre de la Place, vint de Paris relever Palissy de ses fonctions intérimaires de ministre in partibus. À ce moment, Philebert Hamelin était encore en prison à Saintes. Cette captivité d’un frère ne plut pas au nouvel arrivant, et l’effraya même un peu. Il laissa donc là Saintes, Hamelin et Palissy, et se dirigea vers Arvert, où il pensait trouver plus de sécurité. L’évêque y avait passé avant lui. Il ne trouva sur la côte qu’un seul huguenot, Jean Baudoin, procureur. Il se mit en route vers sa ville natale. Mais Palissy lui fit tant d’instance qu’il consentit à revenir à Saintes.

Pierre de la Place n’était guère propre à attirer et à convertir. « Censeur sauvage, zélateur outré, plein de ses idées et brûlant du feu qui domine dans sa patrie, dit Arcère, la Place était enthousiaste ; » et la France protestante ajoute : « La conduite qu’il tint envers La Noue n’est malheureusement que trop propre à justifier ces reproches. C’est lui, en effet, qui, à la Rochelle en 1573, dans un conseil où Bras de fer démontrait la folie d’une résistance au roi contre des ministres qui poussaient le fanatisme jusqu’à prêcher dans des temples chrétiens « qu’il ne fallait accorder aucun quartier aux papistes, » s’exalta jusqu’à la fureur, et, irrité des avis pleins de modération du brave et fidèle capitaine que Charles IX