Aller au contenu

Page:Audiat - Bernard Palissy : étude sur sa vie et ses travaux.djvu/206

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le plus execrablement que iamais homme ouyt parler. »

Ces blasphèmes, dont se plaignait maître Bernard avec tant de frayeur, étaient sans doute quelque expression populaire. Ainsi on lit dans l’Histoire ecclésiastique des églises réformées du royaume de France, par Théodore de Bèze (II, 828), ce passage qui contient le terme dont se troublait l’âme timorée du pauvre Palissy : « Cette défaite et le soudain desportement de la Rochefoucauld estonnèrent merveilleusement tout le pays et notamment la ville de Xainctes, de laquelle estant sortis ceux de la religion et s’étant écoulés çà et là, un nommé Nogaret, tenant auparavant garnison à Taillebourg, homme très-détestable, portant en sa devise ces mots DOUBLE MORT DIEV A VAINCV CERTES, entendant par ces mots ceux de la religion qui condamnent ces iurements et blasphèmes, y entra... ce qui fut cause de la mort de plusieurs, s’y employant entre autres le lieutenant particulier nommé Blanchard. »

Bernard Palissy ne dit pas, comme Théodore de Béze, que l’entrée de Nogaret à Saintes « fut cause de la mort de plusieurs. » L’un était témoin oculaire ; l’autre était loin. Si ce massacre eût eu lieu nul doute que l’historien-potier n’en eût parlé. Sur ce point, il faut donc récuser le témoignage de Théodore de Bèze.

Au milieu de l’effervescence qui suit toujours la victoire, on se souvint que l’atelier de maître Bernard avait servi aux réunions politico-religieuses. Quelques propos menaçants furent sans doute profé-