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Page:Audiat - Bernard Palissy : étude sur sa vie et ses travaux.djvu/207

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rés contre lui. Aussitôt, avec une généreuse spontanéité, le duc de Montpensier lui donna une sauvegarde et de plus déclara son atelier lieu de franchise.

Les derniers excès des protestants en Saintonge avaient excité encore la sévérité du parlement de Bordeaux. En juin 1559, peu de temps avant sa mort, Henri II à Écouen, chez le connétable de Montmorency, dans le château décoré par Palissy, avait adressé aux magistrats des provinces des lettres patentes pour leur recommander la plus grande sévérité envers les hérétiques, leur abandonner sans appel la vie des accusés, et leur défendre de faire grâce ou modérer la peine. On avait laissé dormir cet édit ; il fut tiré de son sommeil. Le parlement de Bordeaux ordonna qu’il serait exécuté dans tout son ressort. Les juges de Saintes durent obéir. Palissy s’est déchaîné contre eux ; il les accuse d’avoir apporté de l’animosité dans son procès « parce qu’aucun desdits Iuges (p. 8) estoyent parens dudit Doyen et Chapitre, et possèdent quelque morceau de benefice, lequel ils craignent de perdre, parce que les laboureurs commencent à gronder en payant les dixmes à ceux qui les reçoyvent sans les mériter. »

La passion égare Palissy et il a tort d’attribuer aux poursuites dirigées contre lui un motif aussi misérable. La vénalité des charges de judicature, si elle avait de grands inconvénients, avait au moins cet avantage de mettre le magistrat dans une complète indépendance. L’accusation, peu fondée en thèse générale, est dans l’espèce tout à fait fausse.

Le doyen du chapitre était Louis Guitard. Reçu