Page:Audiat - Bernard Palissy : étude sur sa vie et ses travaux.djvu/240

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des Mauresques, avec tel avantage que les portes sont trop étroites pour y passer ; qui est bien loin de l’ancienne modestie de nos pères qui portaient des accoustrements unis et pressés sur le corps, rapportant la beauté et la proportion des membres. » On voit combien le publiciste ressemble au critique.

L’expérimentateur prend ensuite en main la tête du mari, et la palpe : voleur et pillard ! d’un jeune homme : vaniteux et insensé ! d’un chanoine : hypocrite et gourmand ! d’un juge : cupide et prévaricateur ! Tous passent par l’étamine. Palissy est bien le contemporain de Rabelais : il a sa malice, sa haine des moines et sa bonhomie gauloise.

Or, après avoir vu la folie et la méchanceté des hommes, et avoir montré les persécutions que les calvinistes eurent à subir à Saintes au commencement, il imagine un plan de ville et forteresse où ses coreligionnaires pourraient se retirer en cas de danger. C’est la quatrième partie de son travail.

Cette forteresse imprenable ne nous paraît qu’une bicoque. Nos canons rayés feraient bon marché de ces murailles construites à si grands frais d’imagination sur le papier. Rien n’est brutal comme un boulet ; il renverse l’échafaudage des plus belles inventions et emporte, hélas ! sans pitié les rêves du pauvre utopiste, parfois l’utopiste lui-même.

Cette première publication se termine (page 122) par ces lignes qu’il faut citer : « Si ie cognois, ce mien second liure estre approuué par gens à ce cognoissans, ie mettray en lumière ce troisième liure que ie feray cy après, lequel traittera du palais et plate-forme de