Page:Audiat - Bernard Palissy : étude sur sa vie et ses travaux.djvu/298

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en était curé[1]. Je sais bien que le catholicisme de Paré n’est pas une raison suffisante pour qu’il ait échappé au massacre. Le deuxième fils du connétable, Henri de Montmorency, très-zélé catholique, n’évita pourtant alors le trépas qu’en se réfugiant dans son gouvernement de Languedoc ; tant il est vrai que les haines particulières cherchèrent à se satisfaire sous prétexte de religion.

Peut-être la protection de Catherine de Médicis s’étendit-elle encore une fois sur le potier saintongeois. C’est elle[2] qui envoya avertir Jean Goujon de ne pas sortir de chez lui, bien que les romanciers de notre temps aient fait périr l’illustre sculpteur sur son échafaudage du Louvre, d’une balle lancée par Charles IX lui-même. Il est possible que Bernard Palissy ait reçu de la reine le même avis. Elle avait l’astuce, la dissimulation, la perfidie des Italiens ; mais elle était artiste comme une Florentine. Son émailleur, l’auteur de sa grotte au jardin des Tuileries, trouva sans doute grâce devant elle. L’art sauvait une seconde fois Bernard Palissy.

Le potier fut reconnaissant. On n’en peut dire autant des écrivains ou des artistes de son temps, obligés comme lui de la reine mère. « Ils ont été, dit Brantôme, paresseux ou ingrats : car elle ne fut jamais chiche à l’endroit des sçavants qui escrivoient quelque chose. J’en nommerois plusieurs qui ont tiré de bons biens, en quoy d’autant ils sont accusez d’ingratitude. »

  1. Voir Œuvres. Notice, p. 280 et 232, par M. Malgaigne.
  2. Voir Notice sur Jean Goujon dans le Plutarque français, seizième siècle.