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sont peu variées : bleu d’indigo et bleu grisâtre, vert jaunâtre et vert d’émeraude, jaune vif, blanc sale et brun violâtre. Ni rouge, ni noir, ni blanc, cet émail blanc qu’il avait pu admirer si éclatant chez Lucca della Robia, qu’il chercha seul et que seul il ne put rencontrer. Ce sont là des ressources précieuses dont ils s’est privé et qui eussent contribué à éviter la monotonie. Ses fonds sont rarement d’un ton uni ils sont nuancés de deux et souvent de trois couleurs. Quelquefois il mêle ses émaux. Alors il y a des jaspes fort beaux. Notons encore que l’émail est également répandu ; il n’est pas plus épais dans les creux que sur les reliefs. Enfin, ce qui est remarquable surtout, c’est l’harmonie de ces tons divers qui se fondent intimement, et aussi l’éclat des couleurs vives dans les pièces authentiques, déjà ternes dans ses successeurs. En cela il est inimitable. On a fait de notables progrès dans la fabrication. La céramique n’a plus de secrets ; la chimie a mis au grand jour ses procédés. Mais les modernes n’ont pu l’égaler.

Les poteries de Palissy ont eu des chances bien diverses. Prisées quand le maître les fabriquait, et devenues l’accessoire indispensable d’un salon de l’époque, comme ces mille brimborions dont nous chargeons nos étagères, elles furent par la suite tellement négligées, qu’on ne daignait pas même les regarder. À peine dans les ventes publiques obtenaient-elles un prix. Seuls, quelques connaisseurs les saisissaient au passage pour les placer dans leurs collections. Autrefois, disait M. Sauvageot, « quand je