querons comment il débrouille ce chaos de théories ridicules et de faits vrais dont se composait la science d’alors ; nous assisterons à l’éclosion lente mais continue de ce génie remarquable.
La province qui se trouve limitrophe à la Saintonge vers le sud est la Guienne. Palissy alla donc dans la Guienne et le parcourut. Le voilà au confluent de la Dordogne et de la Garonne. Ce sol du bec d’Ambez (p. 187) est si mobile, qu’en secouant un peu, le voyageur faisait branler tout autour de lui, comme si c’eût été un plancher. Aux mois d’août et de septembre, ajoute-t-il, les terres y ont de telles fentes, que souvent la jambe d’un homme y pourrait entrer. La cause, il la voit, mais à tort, dans un air renfermé au sein de notre globe qui tendrait à s’échapper. C’est tout simplement la contraction, sous l’influence de la chaleur. Le même phénomène se produit dans tous les terrains d’alluvion, au bec d’Ambez comme aux embouchures du Dnieper et du Volga, dans les marais de Brouage en Saintonge comme dans les pampas de Buenos Ayres.
L’observateur ne se trompe pas moins dans l’explication (p. 184) « du mascaret qui s’engendre au fleuve de Dourdongne, en la Guienne. » Palissy ne veut pas admettre le système du flux, qui est pourtant le vrai. Il objecte que ce phénomène se produirait aussi bien dans les autres saisons qu’en automne, et dans la Loire et la Charente comme dans la Gironde. Il ne savait pas que la Seine éprouve aussi le mascaret, et que le savant voyageur de la Condamine, en 1745, le signalerait dans bien d’autres pays.