Page:Audiat - Bernard Palissy : étude sur sa vie et ses travaux.djvu/370

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de plus haut que le fond du trou que tu auras fait. » M. Hoefer, dans son Histoire de la chimie, a proclamé ce passage la vraie théorie et la découverte des jaillissements artésiens.

Le drainage est implicitement contenu dans le passage où il parle de ce fond solide que l’eau rencontre et ne peut traverser. La pesanteur de l’atmosphère est pressentie dans la phrase où il attribue l’élévation de la colonne liquide « à l’aspiration ou sucement du vent qui est amené par le baston. » Ce qu’il dit des houles d’airain qui, remplies d’un peu d’eau et chauffées au feu « émettent un souffle véhément, » inspirèrent au savant anglais Robert Boyle, l’idée de se servir de ces éolipyles pour activer la combustion du charbon. Les locomotives en ont emprunté le principe ; et on peut affirmer que lui seul rend possible l’application de la vapeur aux chemins de fer. Bernard Palissy avait sans doute pris ce fait à Vitruve, un de ses auteurs favoris, qui l’a décrit dans son livre[1].

Il ne devait qu’à lui, à son esprit d’observation, ses étonnantes idées que lui avait suggérées ce chaudron sur le feu. Encore un pas, et il atteint la théorie précise de l’ébullition, de l’augmentation du volume des liquides par la chaleur, de la dilatation des gaz et enfin de la puissance de la vapeur. Ce sont des vérités touchées du doigt, presque atteintes ; elle ne sont pas conquises, mais celui qui les a soupçonnées, débrouillées et éclaircies, n’en est pas moins en avant de deux siècles sur ses contemporains. Moïse

  1. De Re architectura, I, 6.