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Page:Audiat - Bernard Palissy : étude sur sa vie et ses travaux.djvu/387

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l’or potable mis au creuset laissera évaporer les parties qui lui étaient étrangères, et formera un lingot. L’estomac agirait de même, s’il était aussi chaud qu’un fourneau ; mais cet Allemand était plus fin que bien d’autres, et que moi ! Sans doute, il avait trouvé quelque rare médecine au moyen des métaux imparfaits, étain, plomb, mercure, ou de marcassites, ou de simple s; et il la donnait comme or potable pour être mieux payé ! Ces supercheries-là sont communes parmi les médecins. Il cite Baptiste Galland, médecin à Luçon, dont nous avons déjà parlé, « aussi peu sçavant qu’il y en eust en tout le pays et toutes fois, par une seule finesse, se faisait quasi adorer. »

En mettant dans le breuvage qu’on appelle or potable, continue Palissy, quelque autre substance, le praticien peut guérir, comme Paracelse, qui a rendu sains des lépreux. L’antimoine, par exemple, aura cet effet. Faut-il en conclure qu’il sera restaurant ? Essayez. L’homme qui en prend plus de quatre ou cinq grains s’expose à la mort. L’or est ainsi. Qu’on fasse les plus belles démonstrations du monde, qu’on aille chercher jusqu’au ciel le soleil, la luné et les autres planètes ; qu’on essaye de me raconter que les astres ont une influence sur les métaux et les hommes, je refuserai de voir là des preuves en faveur de l’efficacité restauratrice de l’or.

L’or un cordial ! Non. Puisqu’il ne peut être dissous par l’estomac, puisque le corps ne peut se l’assimiler, il est au moins inutile pour réparer les forces. Portez-le à votre bouche ; vous n’en pourrez