Page:Audiat - Bernard Palissy : étude sur sa vie et ses travaux.djvu/388

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tirer aucune saveur ; concluez sans crainte que l’estomac ne le dissoudra pas davantage.

Les raisons que donne Palissy ne sont pas concluantes. L’or pourrait fort bien n’être pas digéré par l’estomac et avoir cependant des vertus médicamenteuses. Est-ce que le corps s’assimile le fer, dont la science fait si grand usage maintenant ?

D’autre part, il est curieux de voir Palissy, qui ne veut pas d’or, parce que les métaux ne peuvent être réduits en chyle par l’estomac comme les aliments, prendre en main la défense de l’antimoine. Il lui reconnaît des propriétés énergiques et une « action vénéneuse ; » et avec raison : car toutes les préparations antimoniales sont purgatives ou émétiques. Maître Bernard, comme nous l’avons vu, avait connu à la Rochelle Louis de Launay, grand partisan de l’antimoine. La Faculté lutta contre ce nouveau médicament. Est-il encore un poison ? je l’ignore mais ce n’est en tous cas qu’un de plus ajouté à ceux qu’elle prescrit. La pomme de terre était à la même époque traitée comme l’antimoine. Drake l’apporta d’Amérique au seizième siècle. La Faculté déclara qu’elle donnait la lèpre. Un siècle plus tard, le tubercule ne donnait plus que la fièvre. Ce ne fut qu’en 1771 qu’elle reconnut que la pomme de terre ne donnait plus rien, et qu’on en pouvait manger sans danger.

Palissy avait demandé qu’on le contredit s’il avançait quelque proposition hérétique. Personne jusqu’alors ne s’était présenté. Un, qui avait la réputation de « se tourmenter après l’augmentation des