Page:Audiat - Bernard Palissy : étude sur sa vie et ses travaux.djvu/404

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traduisant dans son langage moderne, et en les accordant avec l’expérience dos siècles écoulés depuis leur première émission ?

Puisqu’il parlait des sels divers, Bernard Palissy devait s’occuper un peu du sel commun. C’était pour lui un sujet familier, puisqu’il l’avait étudié en Saintonge sur les marais salants et dans les puits salés de la Lorraine.

L’exposition du géomètre écrivain est claire. On y suit avec plaisir tous les détails de la fabrication : c’est d’abord le lieu qu’il faut choisir, plus bas que le niveau de la mer, afin qu’il puisse être fortement inondé aux grandes malines ; ce sont des canaux en pente qu’il faut creuser pour amener l'eau jusqu’au jard ou jas, grand réceptacle qui la déverse en un plus petit nommé conche, d’où elle passe par l’amezau, trou de bois, dans les entablements ou tables, puis dans les muans où elle fait de longs circuits, afin d’arriver bien échauffée dans les aires où s’opèrent l’évaporation et la cristallisation ; c’est la nature de la terre, qui doit être gluante, visqueuse, argileuse, et suffisamment tassée par les pas des chevaux qu’on y fait courir, afin que l’eau ne se puisse infiltrer dans le sous-sol ; c’est ensuite la manière de récolter, au moyen de pelles, le sel dans les aires, de le réunir en tas sur les bords des aires, de l’entasser en monceaux appelés pilots ou vaches sur les bossis ou bosses, larges plates-formes destinées au passage des hommes et des chevaux qui le transporteront au navire ; c’est enfin la supériorité des sels de Saintonge sur tous les sels de France et de l’étranger. On ne peut