Page:Audiat - Bernard Palissy : étude sur sa vie et ses travaux.djvu/466

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et qui n’auraient pas manqué de signaler le fait à leur honneur, se taisent. Ce silence n’est-il pas une preuve sans réplique ? D’Aubigné aura inventé l’anecdote pour jeter un peu plus d’odieux sur Henri III. Après tout, il reste la question de savoir comment, à la Bastille, Palissy a pu connaître si minutieusement ce qui se passait au Châtelet.

Mais d’Aubigné lui-même va nous servir de témoignage contre d’Aubigné. Il a fait deux fois le même récit. Confrontons les deux narrations.

Voici ce que dans le tome III, imprimé en 1620, pages 216 et 217, chapitre Ier livre III, on lit à la date de 1589 :

« II y avoit alors quelques prisonniers pour le fait de la religion, desquels on voulut qu’il (le duc de Mayenne) sollicitast la mort, comme avoit fait lors des barricades le duc de Guise, son frère, en la personne des deux filles de Sureau ; mais il refusa cet office, tant selon son naturel que pour avoir veu la réputation de son frère en avoir esté tachée, en un siècle désacoustumé aux bruslemens ; pour marque de quoi il estoit advenu à la mort de ces deux que le peuple les trouvant belles, et un vieillard aiant monté sur une boutique pour s’escrier : Elles vont devant Dieu ! le peuple, au lieu de sauter au colet de cet homme, respondit par quelques gémissements.

Launai, autrefois ministre et maintenant un des Seize, sollicitoit qu’on menast au spectacle public le vieux Bernard, premier inventeur de poteries excellentes ; mais le duc fit prolonger son procès, et l’âge de quatre-vingt-dix ans qu’il avoit en fit l’office à la