d’hui. Le plan de Saintes, en 1560, montre ce qu’a décrit maître Bernard. On y voit le ruisseau qui sort encore de la Grand-Font et se jette près de sa source dans la Charente ; les aubarées y figurent, remplacées maintenant par une rue, qui, en avril 1864, sur mes instances, a repris son nom d’aubarée, métamorphosée depuis bien longtemps en Eau-barrée.
Le texte de la Recepte véritable est clair. La maison du potier était aux Roches. Voilà pourquoi cet endroit était le but ordinaire et préféré de ses promenades. Quand, après une longue journée de fatigues, on veut respirer un peu l’air frais des champs, on ne cherche pas loin. La rue qui mène le plus vite au dehors de la ville est celle qu’on prend. Si l’émailleur allait aux Roches, c’est qu’il n’en était pas loin.
Autres considérations. Palissy avait un jardin et même assez vaste « Ie n’ay, dit-il, en ce monde (p. 83), trouvé une plus grande delectation que d’avoir un beau jardin. » Puis, pour ses fours, il lui fallait de l’espace. Saintes était une ville fortifiée, et l’on sait avec quelle parcimonie le terrain était mesuré dans les cités du moyen âge. Les rues étroites qu’on y voit encore en sont la preuve. Or, « un beau jardin, » dans une ville ceinte de remparts, est un luxe bien grand pour un pauvre potier. Enfin tolérait-on mieux qu’aujourd’hui l’établissement, dans une ville, d’une fabrique qui pouvait causer de fréquents incendies ? Toutes ces raisons feront facilement admettre à qui voudra réfléchir que Palissy habita au faubourg des Roches, et lui démontreront la vérité de la tradition.