Page:Audiat - Bernard Palissy : étude sur sa vie et ses travaux.djvu/59

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goût du luxe et l’amour du bien-être. Les vitraux plaisaient moins. Nous avons pour témoin de cette décadence Bernard Palissy lui-même ; il nous apprend qu’« on commençoit à les délaisser au pays de son habitation. » Par suite « la vitrerie n’avoit pas grande requeste. »

Heureusement, à cette occupation, Palissy joignait la pourtraiture. Ce n’était pas l’art de faire des portraits, mais de tracer les plans figuratifs des propriétés. « L’on pensoit, dit-il (page 308), en nostre pays que je fusse plus scavant en l’art de peinture que je n’estois, qui causoit que je estois plus souvent appelé pour faire des figures pour les procès. » Ces fonctions d’arpenteur-géomètre-juré lui rapportaient beaucoup. C’est son habileté bien constatée qui attira sur lui, en 1544, l’attention des commissaires du roi chargés d’établir la gabelle au pays de Saintonge. L’incident est fort important dans la vie de notre personnage. Il mit ses qualités en lumière, lui procura quelque argent dont il avait grand besoin, lui donna l’occasion de se livrer à l’étude des phénomènes de la nature, et, s’il lui causa quelques désagréments, lui valut de puissantes protections.

On sait l’importance qu’avait la gabelle dans notre ancienne législation et les plaintes qu’elle excitait chez les populations. L’impôt du sel, d’abord temporaire et local, ne tarda pas, avec Philippe le Bel et Philippe de Valois, à devenir général et perpétuel. On en exempta cependant quelques corps ; et c’est ce privilège qu’on appela franc-salé. Ainsi les provinces riveraines de l’Océan, Poitou, Saintonge, ville et gou-