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Page:Audiat - Bernard Palissy : étude sur sa vie et ses travaux.djvu/60

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vernement de la Rochelle, îles de Ré et de Marans, n’étaient point soumises à la gabelle proprement dite. Elles payaient cependant le quart denier de la vente qui était de 5 sols par livre. Sous Louis XII, le droit fut élevé à un quart et demi. La charge ne laissait pas d’être lourde. La Saintonge, à elle seule, possède 24,582 livres de marais salants, dont chaque livre équivaut à 50 ares et 20 aires, et donne annuellement 150 millions de kilogrammes de sel. Il en résultait que la livre de sel gris qui, dans les grandes gabelles, coûtait 12 ou 13 sous, ne valait qu’un sou et demi dans les provinces franches et souvent ces provinces étaient limitrophes. De là, murmure de la part du peuple, qui ne comprenait pas la raison d’une aussi énorme différence ; de là, excitation à la fraude, puisqu’on franchissant la limite qui séparait deux pays, on pouvait gagner 10 ou 11 sous par livre de sel, somme considérable à une époque où le mercenaire en recevait 8 pour le salaire d’une journée. Il fallait une armée pour empêcher la contrebande, 18 à 20 mille hommes, des peines rigoureuses contre les faux sauniers, 100 ou 300 livres d’amende, et en cas d’insolvabilité, les galères. On comptait 1,200 lieues de barrières intérieures, plus de 1,400 visites domiciliaires, 1,000 procès-verbaux de saisies, 13 ou 1,400 emprisonnements, et 500 condamnations à des peines capitales et afflictives. On comprend combien pesait cette charge. Véron de Forbonnais, dans son livre Recherches sur les finances de la France, en 1758, montre les hommes « forcés d’acheter chèrement une denrée que les faveurs de la Providence