Aller au contenu

Page:Audiat - Bernard Palissy : étude sur sa vie et ses travaux.djvu/71

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fallait, pour aller en ligne directe d’Aigrefeuille à Luçon, faire par mer un trajet de 42 kilomètres, qu’on peut à présent accomplir en entier par terre. Luçon, Maillezais, Niort, Aigrefeuille, entourés au treizième siècle par l’Océan, en sont maintenant à 12, 29, 48, et 22 kilomètres. Ce phénomène géologique si rapide a-t-il pour cause l’envasement ? Ne serait-ce pas plutôt une révolution semblable à celle qui s’opère en Scandinavie, où les côtes s’élèvent d’un côté par un mouvement régulier et lent qu’on a pu mesurer ? « cette question, dit M. de Quatrefages en ses Souvenirs d’un naturaliste, est d’autant plus permise, que des faits positifs attestent sur quelques points l’action récente de ces forces géologiques qui modifient sans cesse la mince pellicule appelée terre ferme. » Les bancs d’huîtres, moules et peignes de Saint-Michel-en-l’Herm, placés à 8 et 13 mètres au-dessus du niveau des plus fortes marées, prouvent évidemment des soulèvements locaux. Ajoutons aux inductions de la science le fait que raconte un chroniqueur, Pierre de Maillezais, je crois. Une nuit de Noël, au douzième siècle, les barques qui étaient autour de l’abbaye furent laissées à sec, et jamais l’eau ne reparut.

En Saintonge et en Aunis, l’Océan agit de même. Il démolit les pointes avancées et remblaie les golfes tout à la fois. Il travaille ainsi chaque jour à raser les promontoires et à combler les baies. Il a abandonné l’ancien golfe des Santons ; et, à Esnandes, une digue contre les grandes marées, construite il y a quarante ans, est aujourd’hui un chemin vicinal à 2 kilomètres de la mer. La vase poussée par le flot se tasse, s’élève