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Page:Audiat - Bernard Palissy : étude sur sa vie et ses travaux.djvu/89

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pitié » — il est assailli de brocards et d’injures ; on le poursuit de huées : « C’est maître Bernard le fou ! » Oui c’est un fou : car tous les bienfaiteurs de l’humanité n’ont-ils pas été des fous pour leurs contemporains, avant d’être des héros par la postérité ? Et le stoïque potier supportait tout, avanies de ses proches, calomnies de ses voisins, la pauvreté qui « empesche les bons esprits de parvenir. » Il avait foi en Dieu et confiance en soi.

C’est le récit de ses tribulations qu’il nous a fait et que nous allons suivre.

Un auteur moderne a écrit : « On croit qu’Auguste Hirschwogel, né en 1488, mort en 1560, fut le maître de Palissy, revenu en Allemagne[1]... » D’abord Palissy n’alla qu’une fois en Allemagne. Où est la preuve de ce second voyage ? Ensuite, est-il croyable qu’un homme intelligent comme Palissy, aussi perspicace, aussi pénétrant, n’ait pas du premier coup deviné le secret du maître, compris ses procédés, et qu’il lui ait fallu quinze ou seize ans pour arriver à la découverte de l’émail qu’il avait vu fabriquer ? Il règne un tel accent de vérité dans la narration de ses épreuves et de ses essais, qu’on n’en peut suspecter la sincérité. Puis, était-il donc si facile de pénétrer les secrets des émailleurs, porcelainiers et vitriers ? On sait avec quel soin les della Robia cachaient leurs procédés. La première manufacture de porcelaine qui s'établit en Saxe, au seizième siècle, celle d’Albrechtsburg, était une véritable forteresse. Une herse, des ponts-

  1. M. Demmin, dans ses Recherches sur la priorité de la Renaissance Allemande. — Paris, chez Renouard, 1862, page 60.