Page:Audiat - Bernard Palissy : étude sur sa vie et ses travaux.djvu/90

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levis la défendaient et en interdisaient l’accès à tout étranger. Chaque mois on écrivait sur la porte de chaque atelier ces mots terribles : « Secret jusqu’au tombeau ! » En effet, les ouvriers coupables d’indiscrétion étaient condamnés à une prison perpétuelle dans le château fort de Kœnigstein. À Venise, les peines les plus graves étaient prononcées contre toute révélation. « Si quelque ouvrier ou artiste transporte son art en pays étranger, disait l’article 26 des Statuts de l’inquisition d’État, il lui sera envoyé l’ordre de revenir. S’il n’obéit pas, on mettra en prison les personnes qui lui appartiennent de plus près, afin de le déterminer à l’obéissance... S’il s’obstine à demeurer chez l’étranger, on chargera quelques émissaires de le tuer. » Une loi du 8 novembre 1291 relègue dans l’île de Murano toute l’industrie verrière pour mieux emprisonner ceux qui s’y livraient, et, le 8 juin 1295, on défendait aux ouvriers de sortir de la ville sous peine d’amende, de bannissement et de mort. Les effets suivaient ces menaces. M. Cochin cite[1] une pièce des papiers des inquisiteurs d’État, à la date du 3 août 1754, ainsi conçue :

« Pris la résolution d’enlever du monde, di togliere dal mundo, Pietro de Vetor, fugitif, qui est à Vienne, et Antonio Visiosi, qui est à Florence. En conséquence ordre est donné à Missier, de trouver deux hommes propres à ce dessein, atte a tale effetto, et on lui a remis deux doses de poison.

7 du même mois. Étant trouvés par Missier les deux hommes dont il s’agit, à celui qui doit aller à

  1. Correspondant du 29 novembre 1865, page 629.