Page:Audiat - Bernard Palissy : étude sur sa vie et ses travaux.djvu/93

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ble, et la tristesse, conséquence de tant de déboires, l’envahit.

Il cesse !...

Il cesse parce qu’il n’y a plus de pain à la maison et qu’il en faut à des bouches affamées. La femme se plaint ; mère, elle pleure ; les enfants crient. Palissy reprend son métier d’arpenteur. C’est alors que les commissaires, députés par le roi pour ériger les gabelles au pays de Saintonge, arrivent à Saintes, et qu’il est envoyé sur la côte pour dresser le plan des marais salants.

La commission achevée, il revient chez lui avec un peu d’argent ; il y retrouve la coupe émaillée, son désespoir et sa joie, cause de ses souffrances et but de ses efforts. Le voilà de nouveau à la recherche de l’émail.

Les expériences antérieures n’avaient point été perdues. Palissy soupçonna que les fours des potiers n’étaient point assez chauds. Il résolut d’en essayer d’autres. Il existait alors à une lieue et demie de Saintes, sur la route de Saint-Jean-d’Angely, une verrerie qui a donné son nom au village nommé aujourd’hui la Vieille-Verrerie. L’artisan, voyant qu’il n’avait pu réussir, ni à ses propres fourneaux, ni à ceux des potiers, eut recours à ceux des verriers. Il rompt trois douzaines de pots. Trois cents tessons sont couverts de diverses substances à émail qu’il étend au moyen d’un pinceau. Plus de cent compositions différentes étaient étendues sur ses lopins d’argile. Il les porte lui-même à la verrerie et surveille la cuisson. Nuit d’angoisses, d’espoir et de crainte ! Le lendemain, quand on tira ses épreuves