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sur le penchant d’une colline, ou plutôt d’une prairie en forme de pyramide. Tout autour, sous un ciel plus uni que l’eau calme d’un lac, on découvrait une vaste circonférence bordée par des masses de sycomores et par des pistachiers qui ployaient sous leurs fruits. À travers le silence, on entendait le bruit d’une cascade, lancée des hauteurs d’une montagne voisine jusqu’au fond de la vallée. Là, ce n’était plus qu’un ruisseau serpentant paisible dans la plaine qu’il fertilisait. Quelques pâtres y conduisaient parfois de bien loin leurs troupeaux ; Bedkandir leur en faisait les honneurs ; sans cela Bedkandir aurait ignoré qu’il n’était pas seul sur la terre. Pour être visité par les hommes, il faut toujours avoir quelque chose à leur offrir, ne fût-ce que de l’eau.

Était-il heureux ce pâtre solitaire ? qu’en sais-je ? Il mangeait, se promenait, dormait bien et travaillait peu : c’est tout ce que je puis dire. N’est-ce pas là au surplus le bonheur ? Pour le trouver, on s’agite ; je pense, au contraire, qu’il est dans le repos. En courant après, on le fuit.