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vifs. Son jardin, privé de culture, se sèche et se dépouille. Le petit troupeau a perdu son guide, le chien n’est plus caressé, les jours comme les nuits s’écoulent à voir en idée ce lieu de la terre où l’homme est porté sur les épaules de ses semblables. Son ivresse est telle, qu’il ne songe pas à ceux qui portent.

Sous l’empire de ces images, il se décide à quitter le champ, tombeau de son père et trésor de son indigence. Il en confie la garde au vieux pâtre, lui laisse également ses chèvres et son cheval boiteux, et, sans qu’il ait même pensé à se faire suivre par son chien, qui n’en marche pas moins derrière lui, il sort du vallon pour entrer dans la plaine qui se déroule immense devant ses pas.