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suite dans une barque de joncs, lutter contre le torrent, et pour gagner l’autre rive, n’avoir que le secours d’une rame fragile. À ces fatigues s’en joignent de nouvelles, à ces périls d’autres succèdent. Quelques heures, quelques pas suffisaient à Bedkandir pour toucher à toutes les extrémités de sa vallée ; mais que d’heures, que de pas depuis qu’il est parti de cette vallée chérie, sans qu’il entrevoie encore le terme désiré du voyage ! Son courage allait l’abandonner, tout espoir s’éteignait dans son âme, lorsque des bois odorans, des coteaux chargés de fleurs, des plaines où semblent rouler, émues par les vents, des vagues de verdure, lui annoncent ce que des voyageurs, en passant près de lui, se disaient entre eux : « Ispahan est là devant nous ; Ispahan redevable au grand Abbaz de son antique splendeur. » En étalant à l’approche de ses murailles une fertilité merveilleuse, la nature a voulu faire fête à cette capitale d’un peuple dont le roi se proclame le fils du soleil. Enfin elle se montre avec ses mosquées saintes, ses coupoles d’or, ses jardins embaumés et ses bazars voluptueux où flot-