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tent sur les portiques des draperies d’azur, des banderolles à mille couleurs. Ispahan déploie à des yeux accoutumés aux grandes simplicités du désert les magnificences du luxe et de la cité. Long-temps Bedkandir contemple la demeure du maître absolu de l’empire, palais gardé par deux éléphans qui sont le juste emblème du despotisme oriental, bien plus lourd qu’il n’est fort. Qu’il y a loin de son humble chaumière à ces hauts monumens, à ces terrasses en l’air qui servent d’élégantes toitures aux blanches maisons, et sur lesquelles les habitans viennent respirer la fraîcheur sous des touffes de lilas ! Ah ! sans doute les hommes créateurs de ces merveilles sont bien autrement meilleurs que les pâtres de la vallée, qui savent à peine, dans leur grossière ignorance, creuser un roc pour se loger.

Bedkandir traverse ensuite les ponts hardis, il parcourt les arcades du caravansérail ; il admire les fontaines de marbre, les bains aux colonnes de jaspe, le collège des prêtres décoré de portes d’argent massif, et ces rives si vantées du Zendehroud, où, sous les syco-