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le seuil, mais vainement demande-t-il à le franchir. On le repousse. Bedkandir se fâche. Avec quelle vivacité il raconte et détaille les soins qu’il a prodigués au maître du palais, à ce maître superbe, rendu si humble par la faim ! Heureusement l’un des nombreux esclaves qui l’écoutent en riant le reconnaît et consent à l’introduire.

Le voilà devant Abenhazir. On lui dit de se prosterner, il n’en fait rien. Sa parole animée a bientôt rappelé la chaumière, les fruits et le laitage du désert. Au lieu de répondre, Abenhazir, nonchalamment couché sur de soyeuses étoffes, daigne à peine l’accueillir d’un regard. Cependant il a fait un geste ; aussitôt vingt esclaves se saisissent de Bedkandir, l’enlèvent dans leurs bras, passent dans une salle qu’un demi-jour éclaire ; là, après l’avoir déshabillé, ils le plongent dans un bassin de marbre où se balance la nappe d’une eau limpide. Les parfums qu’elle exhale ne rassurent point Bedkandir. Criant, se débattant, faisant jaillir autour de lui des flots d’écume, il emploie tour à tour la prière et la menace, lève la main à l’exemple