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Le repas où venait de régner une abondance royale étant achevé, on se lève. La nuit était venue. Est-il rien qui aille plus vite, rien qui s’écoule, s’échappe et vole plus légèrement que les heures passées dans les délices ? Bedkandir, qui n’avait point quitté Zahou, lui dit : « Bon vieillard, ma joie serait sans regret si tous ces hommes daignaient comme toi me parler. Leur indifférence me fait douter si je suis leur semblable. Près de mon chien, je serais plus à l’aise. Regarde-les : leur bouche, leurs yeux, leur cœur, que sais-je ? tout est pour le bossu. Abenhazir lui-même m’oublie. Son repas est meilleur que le mien, je l’avoue ; mais quand je le lui offris, mes paroles pleines de joie durent lui paraître, j’en suis sûr, plus douces encore que mon lait. Chez vous, nourrir quelqu’un, ce n’est donc pas l’aimer ? »

Zahou l’écoutait avec intérêt. Il lui demanda s’il connaissait Amadia, la jeune sœur d’Abenhazir. D’après la réponse du pâtre, il s’offrit à l’y conduire. Ils sortirent. On ne s’en aperçut pas. Abenhazir même ne fit