Page:Audibert Histoire et roman 1834.djvu/121

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 104 —

lodieux aux accens mélancoliques du luth qui vibre sous leurs doigts ; à juger de leur figure par l’élégance de leur taille, on en devine le charme ; on devine que leur bouche est formée pour les soupirs d’amour ; tout en elles doit être en harmonie : de telles créatures ne sauraient être inachevées. Il y a du délire dans l’émotion de Bedkandir. La table même du prophète ne saurait étaler plus de prodiges ; il n’en regrette que l’égalité. Là haut sans doute point de privilèges, pas même pour les bossus.

Ce qu’il admirait également, c’était la facilité avec laquelle tous les convives prenaient l’esprit et l’humeur d’Abenhazir, qui semblait ainsi parler par cent bouches différentes. Ocktaïr seul tenait une place plus haute. Si la flatterie était un vasselage envers Abenhazir, envers Ocktaïr elle devenait un culte ; l’un était le roi de la fête, l’autre en était le dieu. Quoi que celui-ci pût dire, on était toujours de son avis. S’il vantait un mets, chacun en goûtait ; dès qu’il vidait sa large coupe, on applaudissait, et l’on applaudissait souvent.