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je serais si je passais ma vie avec toi ; tiens, vois-tu, dans tout ce monde, je ne crois voir que des Zahou. »

On reprit une conversation que l’arrivée du pâtre avait interrompue. Mais alors celui-ci eut beau écouter, il ne comprit rien. Des sons lui arrivaient, mais le sens d’aucune parole n’allait à son intelligence. Il crut qu’on ne parlait plus persan ; il en devint triste. Heureusement Amadia était là devant lui ; il se mit à la regarder de nouveau. Elle prenait part aussi à cette conversation ; mais, elle, en l’écoutant, il pouvait la comprendre ; il saisissait avec vivacité ce qu’elle disait : le cœur suffit pour deviner l’esprit d’une femme.

Rentré fort tard au caravansérail, le sommeil ne vint pas visiter Bedkandir au fond de son hamac. Il avait emporté l’image d’Amadia ; il ressentait déjà dans son cœur cette divine maladie qu’on nomme amour. Abenhazir aussi s’offrait à lui. Le bienfait est un lien dont le bienfaiteur seul ne se dégage pas.

Quelquefois aussi sa pensée le ramenait