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chez Amadia. Il cherchait à s’expliquer cette prodigieuse différence qui existait entre les hommes dont elle était entourée, et cette foule qu’il avait vue et admirée chez Abenhazir : d’un côté le calme, de l’autre le tumulte ; ici, un petit nombre ; là, tout une ville. Quelle en est la cause ? « Ah ! m’y voilà, se dit-il ; comme ces hommes ont le malheur de n’être pas bossus, ils se sont éloignés du monde, et ils ont bien fait. Il est si pénible de voir tous les hommages rendus à un autre, sans pouvoir en obtenir pour soi, de se prosterner avec la foule, tandis qu’Ocktaïr, par un étrange privilège, reste debout, lui, la tête haute, et les épaules aussi, il est vrai.

« Oui, oui, les hommes de chez Amadia vivent en solitaires comme moi quand j’étais au désert. Cela est si évident, que je ne comprenais même pas leur langage ; ils en ont un pour eux. Chez Abenhazir, au contraire, rien n’échappait à mon intelligence ; c’est qu’on y parle tout bonnement, comme je parle à mes chèvres. »