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Puis, revenant tout à coup sur le souvenir d’Ocktaïr, il s’écria : « Conçoit-on cette lâcheté ! il abandonne, au moment du péril, une ville où l’on semblait l’adorer. — Il n’a jamais fait autre chose, répondit Zahou ; sa vie est un long tissu de honteuses actions. Les hommes sont vraiment inexplicables : si l’on reste pauvre pour ne pas cesser d’être vertueux ils vous estiment, sans doute, mais ils vous délaissent. Si par mille infamies on acquiert la richesse, ils vous méprisent, disent-ils ; oui, mais leur foule adulatrice viendra se jeter sous vos pas. Eh ! de bonne foi, quel est le plus méprisable, de celui qui reçoit un encens qu’à tout prendre il peut croire avoir mérité, ou de celui qui, en le prodiguant, sait fort bien qu’on ne le mérite pas ?

— Tu as raison, répliqua le pâtre, mais tu ne dis pas tout : jamais un Ocktaïr n’aura comme moi l’amour d’une femme et l’estime d’un vieillard. »

À tant de bonheur se mêle pourtant l’inquiétude. Bedkandir n’aperçoit pas son chien. S’est-il perdu dans la mêlée ? a-t-il