Page:Audibert Histoire et roman 1834.djvu/155

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 138 —

gue qui fait jurer qu’on ne touchera pas à ses lois avant son retour, et qui, maître de ce serment, fuit et ne reparaît plus ? ô faiblesse ! le législateur est obligé de cacher sa mort, pour que sa législation puisse vivre.

« À Rome, Numa s’enveloppe dans une pieuse imposture : c’est une nymphe qui l’inspire. Il avait deviné que la loi, pour être quelque chose, a besoin de se couvrir des respects dus à la divinité. Aussi Rome baissa la tête en voyant sortir d’un bocage ce Moïse païen.

« Pour la terre arrachée au mensonge, les temps sont accomplis où le vrai Dieu est venu faire des lois et les proclamer lui-même. Ce Dieu, homme, roi, législateur et victime, est arrivé sans royaume, sans armée, sans sceptre, sans tonnerre ; il ne vient même plus cette fois avec cette apparence terrible qu’il avait sur le mont Sinaï. Là cette montagne fumait de la majesté du Seigneur ; ici, dans les campagnes de la Judée, sur les bords du Jourdain, toute sa puissance est dans sa parole. Rien de plus simple que