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d’un plafond noirci semblait brûler à regret le peu d’huile qu’une main économe lui avait versé.

Le souper ne se fit pas attendre. Le voyageur aux mules noires ayant pris place, mangea sans rien dire, mais fort surpris de la bonté des mets. Ils contrastaient merveilleusement avec l’aspect d’un lieu si pitoyable. Pendant que le marchand mangeait, l’hôte debout poussait de fréquens soupirs. Il était demeuré pour servir, ne voulant laisser cet honneur à personne, ou peut-être parce qu’il était à lui seul dans son auberge le maître et le valet. « Qu’avez-vous ? lui dit enfin le marchand, dont l’appétit s’en allait avec les plats vides ; vous soupirez ; auriez-vous quelque chagrin ? — Seigneur, répondit l’hôte, j’ai un fils ; il est toute ma famille, il est aussi toute mon espérance. Demain il part ; il se rend à Salamanque pour étudier à l’Université. — Ah ! ah ! vous avez donc formé des desseins pour son avenir ? Et que sera votre fils ? — Tout ce qu’il voudra. À sa sortie de l’Université, je le lancerai dans le monde ; le gaillard ne