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Que, venant heurter brusquement le mot cœur, doit nécessairement blesser la délicatesse de l’ouïe ; aussi je l’évite en m’écriant :

Que mon âme a de joie !

Vous ne soupçonnez pas mon artifice, et cependant je touche à mon but ; je vous associe à ma joie, je vous la fais partager, et cela en vous attirant à moi par des sons caressans. Ajoutez encore qu’il eût fallu glisser sur le mot cœur, tandis que j’appuie sur le mot âme, autre avantage, puisque cette pause fait mieux comprendre la grandeur de ma joie, de cette joie qui est là, là tout au fond de mon âme. Quant au poëte, pourquoi aurait-il choisi entre deux mots qu’une nuance sépare à peine ? Pour lui c’était peu de chose, pour moi c’était important.

Je vous ai cité un hémistiche vulgaire, peut-être même assez plat ; c’est de la poésie à la hauteur de la fameuse chanson de Marlborough, enjolivée par Chérubin : Que mon