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cœur, que mon cœur à de peine ; mais tenez, voici de beaux vers, des vers magnifiques :

Oui, Mitrane, en secret l’ordre émané du trône
Remet entre tes bras Arsace à Babylone.
Que la reine en ces lieux brillans de sa splendeur
De son puissant génie imprime la grandeur !
Quel art a pu former ces enceintes profondes
Où l’Euphrate égaré porte en tribut ses ondes ?
Ce temple, ces jardins dans les airs soutenus ;
Ce vaste mausolée où repose Ninus,
Éternels monumens moins admirables qu’elle !

« Il y a là un grand charme d’harmonie, et cependant les deux premiers de ces vers doivent être pour bien des acteurs presque impossibles à réciter. La lettre r s’y trouve répétée neuf fois en quinze mots, et malheureusement cette lettre est l’une des plus difficiles à prononcer. Si vous la faites sortir de la gorge, le son est tellement vicieux que vous grasseyerez, défaut qui autrefois interdisait les abords du Théâtre-Français ; si vous la prononcez vers les dents, vous la rendez trop forte et elle forme un roulement désagréable. Il faut donc la briser, puis la laisser échapper