Page:Audiffret - Système financier de la France, tome 2.djvu/123

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bien d’usines allons-nous voir s’écrouler encore sur les ruines déjà tombées ? Quelle sera, chaque année, l’aggravation des grands sacrifices si longtemps supportés par le Trésor ? Enfin, jusqu’à quel degré ferons-nous descendre davantage le rôle politique et fécond de la marine marchande et militaire, ainsi que la détresse de nos colonies ? Allions-nous fermer ou seulement rétrécir, par ce dernier coup, ces ports de bon secours et d’hospitalité française qui s’ouvrent à la renaissance, encore si nouvelle et si mal secondée, de notre puissance industrielle et commerciale, et qui nous préparaient à mieux soutenir un jour la libre concurrence des mers contre des nations rivales, favorisées par de grands capitaux, par des progrès antérieurs, par de longues habitudes et par les droits différentiels de leurs vastes possessions coloniales ?

Je ne pouvais me résigner à ces conséquences déplorables d’un expédient évasif, d’un palliatif stérile, inopinément improvisé sous la forme d’un amendement, et qui ne se recommandait aux suffrages que par l’imminence du mal et par l’impuissance du bien. Il était en effet dérisoire de mettre un moment en balance, avec tant de graves et d’incontestables préjudices, renouvelés par ce projet de loi, les prétendus profits prélevés sur le revenu public par quelques exploitations agricoles dont le nombre et l’espace allaient bientôt se restreindre dans l’étroite limite d’un intérêt local, et se constituer pour toujours sur cette dérogation persévérante aux lois de la justice et de l’intérêt général.

Pour accueillir sans inquiétude et sans protestation une résolution législative aussi regrettable, et pour ne pas s’émouvoir des chances de succès réservées encore au