Page:Audiffret - Système financier de la France, tome 2.djvu/199

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’Angleterre n’a jamais employé l’argent que comme appoint divisionnaire de la pièce d’or, qui est sa seule monnaie courante en concurrence avec les billets de banque.

On avait cru pouvoir résoudre le problème de la coexistence parallèle de l’or et de l’argent et devoir faire cesser l’inévitable désaccord qui se prolonge en France entre le prix légal et le cours réel de ces deux agents des échanges, en statuant aussitôt que le gouvernement en reconnaîtrait l’opportunité, selon l’exemple donné par la Belgique et par la Hollande, que la monnaie d’or ne serait plus admise dans les transactions qu’à titre de lingot et de marchandise suivant sa valeur commerciale.

Mais cette opinion, conforme aux principes abstraits d’une économie politique systématique, a été, comme tant d’autres présomptions de pure théorie, déconcertée par l’autorité des faits. La Belgique, déjà gravement entravée dans les mouvements intérieurs et extérieurs de son commerce par une détermination aussi précipitée, a été contrainte de rétablir le double étalon monétaire qu’elle avait imprudemment réformé. Le gouvernement français, qui a soumis l’examen de cette difficulté à des esprits éclairés et expérimentés, s’est sagement abstenu de prendre une résolution qui aurait pu jeter le trouble dans le cours naturel de la hausse et de la baisse de ces valeurs métalliques, dont le taux respectif s’est réglé de lui-même, sans secousse et sans désordre, sur l’offre et sur la demande, c’est-à-dire sur les besoins variables de la circulation.

On a remarqué d’ailleurs que tandis que l’or se produisait avec une grande abondance sur les marchés de l’Europe, par suite de la féconde exploitation des mines américaines, et se proportionnait avec tant d’opportunité