Page:Audiffret - Système financier de la France, tome 2.djvu/212

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« Il a paru à la majorité de la commission que l’exploitation des salines domaniales livrée à l’industrie particulière, avec une perte de capital et de revenus très-considérable pour l’État, ne produirait pas dans cette région le sel minéral à un prix plus modéré que celui de 40 c. le kilogramme déjà promis par l’administration aux dix départements de l’Est ; que la concurrence des nouveaux concessionnaires serait forcément restreinte et presque toujours remplacée par une coalition concertée entre un petit nombre d’établissements protégés par les conditions spéciales du projet de loi sur le périmètre et sur la production de chaque fabrique ; que la puissance des capitaux de certains entrepreneurs rendrait ordinairement quelques spéculateurs les maîtres absolus du marché, et ferait subir à la population locale les exigences inexorables de la cupidité privée ; que les acquéreurs des mines du gouvernement, favorisés surtout par des moyens d’exécution perfectionnés à grands frais et achetés à très-bas prix, seraient probablement en mesure de substituer un privilége particulier à celui qui profitait jusqu’alors à la société tout entière que les quantités produites par tant d’efforts au delà des besoins de la population de l’Est et sur les limites de son territoire, envahiraient les marchés extérieurs que cette exploitation progressive des salines minérales s’étendrait bientôt[1] à des régions nouvelles dans l’intérieur ou sur les frontières de la France, et attaquerait dangereusement les moyens d’existence que les habitants de l’Ouest et du Midi trouvent dans leurs marais

  1. Ainsi que dans la plupart des spéculations favorables à l’agiotage, les gens habiles commenceraient et seraient remplacés par des dupes.