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Page:Audiffret - Système financier de la France, tome 2.djvu/220

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dire à notre insu, sous l’empire d’une aveugle philanthropie, au-devant de toutes les réformes qui désarmaient les lois et l’autorité publique contre les passions anarchiques, et qui préparaient à la fois la chute des gouvernements établis et le bouleversement de la société civilisée. Le régime patriarcal de nos colonies où, depuis le gouverneur jusqu’au chef de chaque habitation, l’administrateur suprême et le maître particulier, exerçaient, l’un et l’autre, un pouvoir discrétionnaire sur tous les membres libres ou esclaves des familles coloniales, irritait sans cesse l’impatience humanitaire des philosophes et l’indignation turbulente des démagogues. L’administration, dominée par le despotisme de cette double influence, se trouvait entraînée par des propositions téméraires, mieux accueillies des novateurs que les conseils de la prévoyance, à soumettre notre marine aux exigences humiliantes du droit de visite, ou aux stations mortelles de la côte d’Afrique enfin à anticiper imprudemment les longues épreuves de l’expérience, pour accomplir, sans plus attendre, l’émancipation des noirs et la régénération de l’ancien régime de nos colonies. Nous ne saurions mieux expliquer la situation critique à laquelle se trouvaient exposés nos établissements d’outre-mer, avant la révolution de 1848, ainsi que les nouveaux périls que semblait leur préparer la loi du 18 juillet 1848, qu’en reproduisant les observations et les craintes que nous avons exposées, contre cette loi nouvelle, à la Chambre des pairs, comme le résumé de nos trois années d’études dans la commission supérieure des affaires coloniales.

« Il est impossible de se défendre contre un sentiment de défiance de soi-même, et contre une inquiétude pa-