livre sous la forme d’une dette viagère. Ces sortes d’emprunts, contractés par un ministre de l’ancienne monarchie, à des conditions beaucoup mieux calculées par l’intelligence de l’intérêt privé que par la prévoyance administrative, ont grevé l’État d’une charge très-onéreuse qui n’est pas encore entièrement éteinte, et que la sagesse des gouvernements postérieurs n’a pas voulu recréer. Ce contrat spécial, en effet, ayant pour unique base les chances aléatoires de l’existence humaine, offre un appât immoral autant qu’impolitique à la paresse et à l’égoïsme qui retirent, à la famille et à la société tout entière, l’épargne et le travail producteur de celui de ses membres qui se repose souvent, au début de sa carrière, sur un capital devenu stérile, et qui ne laisse rien après lui. Les fonds de cette spéculation avare doivent être au moins aussi énergiquement repoussés du sein de l’administration des finances, que les mises hasardées par la fortune individuelle sur des jeux publics et sur une loterie nationale, puisqu’ils semblent vouloir jouer à prix d’argent la durée des jours qui nous sont comptés par la Providence. Sans prétendre attaquer aucune des industries particulières qui se livrent aux diverses combinaisons lucratives reposant sur la vie des hommes, nous pensons que la dignité d’un gouvernement exclusivement dévoué à l’intérêt général lui défend de participer à des éventualités de cette nature.
Deux formes différentes se présentent au choix de l’administration pour suppléer, par des moyens de crédit, aux ressources de l’impôt tantôt elle se procure les fonds qui lui sont nécessaires par des prêts qu’elle s’oblige à rembourser à des termes convenus, presque toujours