Page:Audiffret - Système financier de la France, tome 2.djvu/300

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

détérioration naturelle du numéraire, sorte de préjudice inévitable qui atteint les capitalistes dans toutes les autres situations, et pour constituer à perpétuité, aux dépens du pays et au profit des rentiers, un privilége tout à fait contraire à l’essence même de la propriété mobilière des effets publics. Le Trésor deviendrait ainsi le seul débiteur qui verrait s’aggraver le poids de ses charges au milieu même de la richesse et de la prospérité générales. Une semblable disposition n’aurait jamais été votée par une assemblée législative ; elle ne pourrait pas se montrer dans nos codes, ni s’y introduire sous une forme implicite, sans que la raison publique la repousse et la démente, comme nous le faisons aujourd’hui. On ne combat pas avec les lois contre la nature des choses ; aucune volonté ne résiste à la force destructive du temps, et ne rend immuable une valeur qu’elle affaiblit sans cesse l’autorité des gouvernements est impuissante à secouer le joug fatal de la nécessité ou à le détourner de la tête qui doit le porter pour le faire peser sur une autre.

On peut donc conclure avec les hommes d’Ëtat de tous les pays, avec les législateurs de tous les temps, et même avec la majorité des propriétaires de rentes, que le droit de remboursement est désormais consacré par l’autorité de la chose jugée, et qu’il ne peut plus être contesté que par la préoccupation de quelques parties intéressées, par la prévention qui survit aux mesures violentes et injustes des régimes antérieurs, enfin par l’anxiété toujours honorable d’une conscience mal éclairée.