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FRANZ SCHUBERT

des contrées lointaines. Pendant de longues années je restai partagé entre la plus grande douleur et le plus grand amour. J’appris alors la mort de ma mère. Je revins en hâte pour la voir encore, et mon père, adouci par le chagrin, ne s’opposa pas à mon retour. Je vis son cadavre, les larmes jaillirent de mes yeux. Je revis ce bon vieux passé dans lequel nous devions nous mouvoir, selon le vœu de la morte ; je la revis elle-même étendue comme elle était autrefois.

» Nous suivîmes son corps en versant des larmes, et le cercueil s’engloutit dans la terre. À partir de ce moment je repris ma place au logis. Mais un jour, mon père me conduisit de nouveau dans son jardin favori et me demanda s’il me plaisait ? Le jardin m’était tout à fait désagréable et je n’osai répondre. Il répéta sa demande avec emportement, je lui dis en tremblant que non. Alors mon père me frappa et je m’enfuis. Et pour la seconde fois je détournai mes pas, et le cœur rempli d’un amour infini pour ceux qui me méprisaient je